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LE CHÂTEAU DES MARES.

brager cent chevaliers ; à l’une des branches les moins élevées pendait un cor qu’il fallait apparemment sonner, pour demander ou la joùte ou l’entrée du château.

Nos deux rois devinaient bien l’usage de ce cor, mais le château était à si grande distance qu’ils n’espéraient pas être entendus s’ils venaient à s’en servir. Ils apprirent de Merlin qu’ils étaient devant le château des Mares, et que le seigneur en était Agravadain le Noir, chevalier puissant, preux et hardi aux armes. « J’ai, » dit le roi Ban, « souvent entendu parler d’Agravadain le Noir ; il peut se vanter de posséder le plus fort château que j’aie jamais vu, et j’y passerais volontiers une nuit. — Vous vous soumettrez donc à la condition imposée à tous les chevaliers étrangers : vous sonnerez du cor avant de faire un pas sur le gué, si mieux n’aimez avoir à livrer combat. – Y eût-il danger, » reprit le roi Ban, « je le sonnerais encore. » Ce disant, il détacha le cor et en tira un son des plus retentissants. L’écho le répète plusieurs fois et le fait arrivir à l’ouïe du seigneur du château. Agravadain demande ses armes, et cependant le roi Ban donnait trois nouvelles halenées ; Agravadain impatienté monte à cheval, l’écu au cou, la lance sur feutre. On lui ouvre la chaussée, il arrive devant le gué, en face des deux rois et de