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KEU LE SÉNÉCHAL.

cierges. Les lettres disaient qu’elle avait nom Escalibor, mot hébreu qui sonne en français Tranche bois, fer et acier.

De tous les romanciers, le continuateur de Merlin est celui qui nous représente le sénéchal Keu sous les traits les plus favorables. Ce n’est pas qu’il lui conteste les ridicules devenus inséparables de son nom ; mais ils sont rachetés par une valeur guerrière qui le maintient au premier rang des héros bretons. Il eût été, dit notre auteur, un chevalier accompli, sans une certaine incontinence de paroles qui l’entraînait involontairement et lui faisait perdre les bonnes grâces de ceux qui vivaient avec lui. Il avait pris ce défaut, cette disposition à la médisance, non de sa bonne et sage mère, mais de la nourrice qu’on lui avait donnée. D’ailleurs, bon et joyeux compagnon, qui plaisait à ceux qu’il n’attaquait pas de ses gaberies[1]. Keu

  1. Dans une autre laisse, quand Keu arrive avec Gauvain au secours d’Artus, rudement mené par le roi Loth, le romancier ajoute : « Il n’eut guères meillor chevalier en la cort Artu, se ne fust qu’il parloit trop volentiers, por la grant joliveté qu’il ot en lui, et gaberres estoit, des meillors qui onques fust. Et por ce qu’il gaboit volentiers le haïrent maint chevalier qui honte avoient de sa parole : et li chevalier qu’il avoit gabez li firent en mains lieus de grans annuiz. Mais loiaus chevaliers fu vers son Seigneur et vers la Roïne, ne onques en sa vie ne fist traïson, que une