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LE ROI ARTUS.

et qui, au lieu de l’hommage lige qu’ils lui doivent, viennent le défier dans sa ville de Carlion, sont d’abord au nombre de six. C’est Loth d’Orcanie, Aguisel d’Écosse, fils de Briadan, Ydier de Cornouaille, Urien de Gorre ou plutôt de Galles, Nautre de Garlot et Caradoc Briebras de la terre d’Estrangore. Loth, Nautre et Urien étaient, comme on vient de le voir, beaux-frères d’Artus ; Aguisel était son neveu. Mais ces liens de parenté n’étaient connus que de Merlin ; Artus, à leurs yeux, n’appartenait pas à la race des anciens rois. Ils veulent bien cependant lui accorder une audience, et quand il vient répondre à leur appel, ils se dressent « encontre lui, parce que il estoit sacrés. »

Les débuts d’Artus dans la carrière héroïque ne sont pas éclatants. Dès que les six rois l’ont défié, il se réfugie dans la forteresse de Carlion bientôt assiégée. Merlin vient alors à son secours : il jette sur le camp ennemi un enchantement qui le réduit en cendres, tandis qu’Artus, profitant du désordre et de l’effroi causé par l’incendie, fait une sortie vigoureuse, et remporte une victoire longtemps disputée. Deux fois abattu de cheval, il est deux fois remonté, grâce à la valeur de Keu, d’Ulfin, Bretel et Antor. On le voit armé de la grande épée qu’il avait arrachée de l’enclume ; elle jette une si grande clarté qu’on eût cru voir allumés trente