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à la prière de mes amis, et particulièrement d’Alexandre, évêque de Lincoln, prélat d’une sagesse et d’une piété éminentes, et qui se distinguait entre tous, clercs ou laïques, par le nombre et la qualité des gentilshommes que retenait auprès de lui sa réputation de vertu et de générosité. Dans l’intention de lui être agréable, j’accompagnai l’envoi de ces prophéties d’une lettre que je vais transcrire… »

Dans cette lettre, Geoffroy se flatte d’avoir répondu aux vœux du prélat en interrompant l’Historia Britonum pour traduire du breton en latin les Prophéties de Merlin. « Mais, » ajoute-t-il « je m’étonne que vous n’ayez pas demandé ce travail à quelque autre plus savant et plus habile. Sans vouloir rabaisser aucun des philosophes anglais, j’ai le droit de dire que vous-même, si les devoirs de votre haute position vous en eussent laissé le temps, auriez mieux que personne composé de pareils ouvrages. »

Soit que l’évêque Alexandre eût regretté d’avoir demandé un livre dont l’Église contestait l’autorité, soit que ce livre n’eût pas répondu à ce qu’il en attendait, soit enfin qu’il eût oublié, comme cela n’arrive que trop souvent, les promesses faites à l’auteur, il mourut

    (page 65) confirment encore le peu d’ancienneté de la tradition merlinesque.