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personne de nous n’ait entendu parler d’aucun géant. À cette guerre des Romains il fait concourir tous les peuples de la terre, les Grecs, les Africains, les Espagnols, les Parthes, les Mèdes, les Libyens, les Égyptiens, les Babyloniens, les Phrygiens, qui tous périssent dans le même combat, tandis qu’Alexandre, le plus fameux des conquérants, mit à conquérir tant de nations diverses plus de douze années. Comment tous les historiographes qui ont pris si grand soin de raconter les événements des siècles passés, qui nous en ont même transmis d’une importance fort contestable, auraient-ils pu passer sous silence les actions d’un héros si incomparable ? Comment n’auraient-ils rien dit non plus de ce Merlin aussi grand prophète qu’Isaïe ? Car la seule différence entre eux, c’est que Geoffroy n’a pas osé faire précéder les prédictions qu’il prête à Merlin de ces mots : Voici ce que dit le Seigneur, et qu’il a rougi de les remplacer par ceux-ci : Voici ce que dit le diable. Notez enfin qu’après nous avoir représenté Artus mortellement frappé dans un combat, il le fait sortir de son royaume pour aller guérir ses plaies dans une île que les fables bretonnes nomment l’île d’Avalon ; et qu’il n’ose pas dire qu’il soit mort, par la crainte de déplaire aux Bretons, ou plutôt aux