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Uter, aurait été le quatrième roi des Bretons à partir de Wortigern ; de même que, dans la véritable histoire de Bede, Éthelbert, converti par Augustin, est le quatrième roi des Saxons à partir d’Hengist. Ainsi le règne d’Artus et celui d’Éthelbert devaient être contemporains. Mais on voit aisément ici de quel côté se trouve la vérité. C’est précisément l’époque du règne d’Éthelbert qu’il choisit pour élever la gloire et les exploits de son Artus ; qu’il le fait triompher des Anglais, des Écossais, des Pictes ; réduire au joug de ses armes l’Irlande, la Suède, les Orcades, le Danemark, l’Islande : peu de jours lui suffisent pour lui faire conquérir les Gaules elles-mêmes, que Jules César avait eu bien de la peine à réduire en dix ans ; de façon que le petit doigt de ce Breton aurait été plus fort que les reins du plus grand des Césars. Enfin, après tant de triomphes, il fait revenir Artus en Bretagne et présider une grande fête avec les princes et les rois subjugués, en présence des trois archevêques de Londres, de Carléon et d’York, bien que les Bretons n’eussent pas alors un seul archevêque. Pour couronner tant de fables, notre conteur fait engager une grande guerre contre les Romains : Artus est d’abord vainqueur d’un géant de merveilleuse grandeur, bien que, depuis le temps de David,