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il a pu donner à ces prophéties toutes les additions nécessaires, afin de les mettre en rapport avec les événements mêmes ; mais, quant au livre qu’il appelle Histoire des Bretons, il faut être tout à fait étranger aux anciennes annales, pour ne pas voir les insolents et audacieux mensonges qu’il ne cesse d’y accumuler. Je passe tout ce qu’il nous raconte des gestes des Bretons avant Jules César, gestes peut-être inventés à plaisir par d’autres, mais présentés par lui comme authentiques. Je passe ce qu’il ajoute à la gloire des Bretons, depuis Jules César qui les avait subjugués jusqu’au temps d’Honorius, quand les Romains abandonnèrent l’île, pour pourvoir à leur propre défense sur le continent. On sait que les Bretons ainsi laissés à la merci de leurs ennemis eurent alors pour roi Wortigern, le premier qui réclama le secours d’Hengist, chef des Saxons ou Anglais. Ceux-ci, après avoir repoussé les Pictes et les Écossais, cédèrent à l’appât que leur présentait d’un côté la fertilité de l’île, de l’autre la lâcheté de ceux qui les avaient appelés à leur défense. Ils s’établirent en Bretagne, accablèrent ceux qui essayèrent de leur résister, et contraignirent les misérables restes de leurs adversaires, ceux qu’on nomme aujourd’hui les Gallois, à chercher un refuge sur des hau-