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dont il ne conteste d’ailleurs ni l’ancienneté ni l’origine bretonne.

« La race bretonne, » dit Guillaume de Newburg, « qui peupla d’abord notre île, eut dans Gildas un premier historien que l’on rencontre rarement et dont on a fait de rares transcriptions, en raison de la rudesse et de la fadeur de son style[1]. C’est pourtant un monument précieux de sincérité. Bien que Breton, il n’hésite pas à gourmander ses compatriotes, aimant mieux en dire peu de bien et beaucoup de mal que de dissimuler la vérité. On voit par lui combien ils étaient peu redoutables comme guerriers, et peu fidèles comme citoyens.

À l’encontre de Gildas, nous avons vu de notre temps un écrivain qui, pour effacer les souillures du nom breton[2], a ourdi une trame ridiculement fabuleuse, et, par l’effet d’une sotte vanité, nous les a présentés comme supérieurs en vertu guerrière aux Macédoniens et aux Romains. Cet homme,

  1. Cum enim sermone sit admodum impolitus atque insipidus, paucis eum vel transcribere vel habere curantibus, raro invenitur. — Il se pourrait ici que Guillaume de Newburg entendit par le livre de Gildas celui que nous attribuons à Nennius, et qui, dans plusieurs manuscrits du douzième siècle, porte cette attribution.
  2. Pro expiandis his Britonum maculis.