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elle-même, dont Geoffroy n’a pas dit un seul mot. Uter-Pendragon, Artus et Merlin, voilà les trois portraits dont il a fourni la première esquisse aux romanciers, et c’est en partant de là qu’ils sont arrivés à tous les beaux récits qui durant plusieurs siècles devaient charmer le monde.

L’Historia Britonum produisit en France et en Angleterre un effet immense. Les manuscrits s’en multiplièrent ; tous les clercs voulurent aussitôt l’avoir entre les mains. Geoffroy de Monmouth, bientôt après nommé évêque de Saint-Azaph, reçut le surnom d’Artus, le héros dont il venait de consacrer la renommée. Son livre fut une sorte de révélation inattendue pour Henry de Huntingdon, pour Alfred de Bewerley, pour Robert du Mont-Saint-Michel, qui n’exprimèrent aucun doute sur l’existence de l’original breton et l’exactitude de la traduction. Mais on n’accueillit pas en tous lieux ces fabuleux récits avec la même confiance. Dans le pays de Galles même, source adoptive, sinon primitive, des fictions bretonnes, il y eut des protestations dont un auteur contemporain, d’ailleurs assez crédule de sa nature, Giraud de Galles ou Giraldus Cambrensis, s’est rendu l’organe d’une assez plaisante façon. C’est en parlant d’un certain Gallois doué de la faculté d’évo-