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fait la base d’une plus large composition ; mais comme, en avouant la source à laquelle il avait puisé, il s’exposait à ce qu’on lui demandât compte de tout ce qu’il avait ajouté, il aura prévenu les objections en supposant l’existence d’un autre livre tout différent de celui qu’il avait entre les mains.

Maintenant, si le premier Gildas, si le vénérable Bede n’avaient rien dit des rois bretons cités dans la chronique de Nennius, leur silence est facile à justifier. Tous ces princes, fabuleux descendants du Troyen Brutus, n’étaient encore connus que dans la petite Bretagne où l’on en avait fait les naturels émules des Francus et des Bavo des légendes françaises et belges. Si Bede n’a même pas écrit une seule fois le nom d’Artus, c’est peut-être parce que le souvenir du héros breton ne s’était perpétué que parmi les habitants de l’Armorique et du pays de Galles. Bede, Anglo-Saxon d’origine, écrivant l’histoire des Anglais, n’avait pas à se préoccuper des fables bretonnes[1]. Pour saint

  1. Il me semble pourtant qu’on aurait dû remarquer une lacune assez apparente dans l’Histoire ecclésiastique de Bede, précisément à l’endroit où pouvait se trouver le nom d’Artus, chef des guerriers bretons, sous le règne d’Aurélius Ambroise. C’est au chapitre XVI de son premier livre, lequel finit ainsi : « Utebantur eo tempore (vers 450) duce Ambrosio Aureliano,...