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tionner les événements liés à l’histoire de la conquête anglo-saxonne. Il accepte les récits connus, sans faire pour les dénaturer un nouvel appel à ses souvenirs scolatisques. C’était le seul moyen de donner une sorte de consistance aux fables précédemment accumulées. On pouvait en effet être tenté d’accorder à ces fables une certaine confiance, en voyant celui qui les avait rassemblées se rapprocher, pour les temps mieux connus, du récit de tous les autres historiens.

Mais ici je m’attends à une objection, même de la part des mieux disposés à retrouver avec moi dans Nennius l’original de l’Historia Britonum. Pourquoi hésiterions-nous à reconnaître que cette chronique de Nennius ait été écrite en breton, et, dans cette forme, rapportée du continent en Angleterre ?

Je réponds que le latin de Nennius semble accuser, non pas une traduction du douzième siècle, mais un original du neuvième, qu’on ne saurait attribuer sans scrupule à des clercs tels que Gautier d’Oxford ou Geoffroy de Monmouth. Ce latin conserve toute la rouille, toute la physionomie de la seconde partie du neuvième siècle : il semble donc l’œuvre d’un écrivain qui n’avait pas l’habitude d’écrire en latin, et qui, vivant dans un temps où les seuls lecteurs étaient des clercs, où personne encore ne s’était avisé de composer un livre breton,