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quoi Gautier, possesseur et révélateur de l’original breton, aurait eu besoin de le traduire en latin, et de le remettre en gallo-breton sur sa propre traduction latine. Dans tous les cas, cette traduction latine ou bretonne de Gautier d’Oxford ne se rapporterait qu’au livre même de Geoffroy de Monmouth, et non pas à celui qui en aurait été l’occasion.

Nous avons d’autres moyens de démontrer que Geoffroy a toujours eu sous les yeux la chronique de Nennius, et qu’il ne s’est aidé d’aucun autre texte écrit. Il commence, comme Nennius, par donner le même nombre de milles à l’île de Bretagne, en longueur et en largeur ; comme Nennius, il décrit la fertilité, l’aspect, les monts, les rivières, les promontoires de la contrée ; il ne change rien à la chronologie du premier auteur, depuis le fabuleux Brut jusqu’au fantastique Artus. Seulement, au lieu d’un mot ou d’une ligne accordée à chaque roi, Geoffroy écrit une ligne pour un mot, un paragraphe, un chapitre pour une phrase. Tout devient pour lui matière à développement. Si vous rapprochez sa fluidité de la source originelle, vous le verrez enfler celle-ci tantôt de souvenirs d’école, tantôt de traditions nationales consacrées par les chanteurs et jongleurs de la Bretagne insulaire ou continentale ; non par d’autres livres bretons ou gallois qui proba-