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ADDENDA.

Bède, en son traité de Remedio peccatorum, énumère les livres d’Église : Psalterium, lectionarium, antiphonarium, missalem, gradalicantum, etc. Dans une charte de l’an 1335, en faveur de la chapelle de Blainville : « Je, sire de Blainville, ai garnies les dites chapelles d’un messel, et d’un grael pour les deux chapelles. » — « Gradale, graduale, id est responsum vel responsorium : quia in gradibus canitur. Versus gradales. » — Et Amalaire, au onzième siècle : « Notandum est volumen, quod nos vocamus antiphonarium, tria habere nomina apud Romanos. Quod dicimus graduale, illi vocant cantatorium, et adhuc juxta morem antiquum apud illos, in aliquibus ecclesiis uno volumine continetur. » (Du Cange.) On appelait l’office du jour le grael ou graal, en opposition à l’office nocturne. Aussi voyons-nous dans Robert de Boron que Joseph donne rendez-vous à ses compagnons chaque jour à heure de tierce, et les avertit d’appeler cet office le service de graal. Le sens des vers est rendu plus clairement par l’ancienne traduction : « Et ce non de graal abeli à Joseph ; et ensi venoient à tierce, et disoient qu’il alloient au service du graal. Et des lors en çà fu donnée à ceste histoire le nom de Graal. » (Manuscrit Didot.) Mais les romanciers, poëtes et prosateurs, ne sachant plus l’origine véritable du mot, ont voulu l’expliquer et nous en apprendre plus qu’ils n’en savaient. Qui maintenant ne reconnaît dans le premier sens du mot graal, l’office du jour, le diurnal ? Un glossaire latin-français du douzième siècle porte : gradale, greel, livre à chanter la messe. Dans le Catholicon armoricum, grasal, grael, un livre à chanter : latinè gradale. En voilà bien assez pour justifier notre explication du Graal.

Le sens de plat, saucière, en latin catinus, donné à ce mot, est également ancien, et sans doute formé de cratera, cratella, comme de patera vint petella, paelle,