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DESCENDANCES.

suivi ; quand il le vit penché sur l’eau, il s’approcha et le frappa de son épée : la tête détachée du tronc tomba dans la fontaine. Non content d’avoir ainsi tué le roi Lancelot, il voulut reprendre la tête et la couper en morceaux ; à peine eut-il plongé la main dans la fontaine que l’eau, jusqu’alors très-froide, se prit à bouillonner d’une telle violence que le duc eut à peine le temps de retirer ses doigts devenus charbons. Il reconnut alors qu’il avait offensé Dieu, et que sa victime était innocente du crime dont il avait cru tirer vengeance. « Prenez ce corps, » dit-il aux deux sergents, « mettez-le en terre, et que personne ne sache de quelle façon est mort le roi. » Ils enterrèrent Lancelot près de l’ermitage, et reprirent le chemin du château. Comme ils en approchaient, un enfant vint dire au duc : « Vous ne savez pas les nouvelles, sire ? Les ténèbres couvrent votre château ; ceux qui s’y trouvent ne voient goutte, et cela, depuis midi. » C’était précisément l’heure où le duc avait frappé le roi. « Je vois, » dit-il alors à ses compagnons, « que nous avons mal exploité ; mais je veux juger par moi-même de ces ténèbres. » Il s’approcha, franchit le seuil de la première porte ; aussitôt un côté des créneaux se détachant de la muraille tomba sur lui et l’écrasa. Telle fut la vengeance prise