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AVENTURES DE PIERRE.

hommes un champion plus fort et plus habile que lui, Orcan s’avisa d’un expédient qui devait l’éclairer sur ce point. Il feignit une grande maladie, et quand on lui demanda la cause de son mal : « C’est, » dit-il, « une profonde tristesse. J’apprends que le roi Maraban vient d’envoyer ici un chevalier qui se vante d’abattre dans une seule journée douze de mes meilleurs hommes. Il sera tous les matins au point du jour sous l’arbre du Rond-Pin. Qu’allons-nous faire ? Ne trouverai-je personne en état d’abattre son orgueil ; et pourra-t-il, à son retour en Irlande, se vanter de n’avoir rencontré dans ma terre aucun chevalier assez hardi pour se mesurer avec lui ? — Non assurément, » répondent les chevaliers ; « nous serons demain au nombre de douze au rendez-vous, et nous pourrions, au besoin, en trouver d’autres pour mettre cet Irlandais à la raison. »

Le roi les remercia, puis les pria de le laisser dormir. Et quand la nuit fut venue, il appela son sénéchal. « Faites apporter des armes déguisées, étendez une couverture sombre sur mon cheval : je veux sortir avant le point du jour et ne reviendrai que le soir. Si quelqu’un demande à me parler, dites que je suis trop malade pour recevoir. Surtout, gardez-vous de dire un mot de ma sortie et de mon retour. »