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AVENTURES DE PIERRE.

la mer ; elle n’est pas très-éloignée, j’y trouverai peut-être un peu de soulagement. »

Pharan se mit en quête d’un âne sur le dos duquel il posa son pauvre ami. Ils atteignirent le rivage et ne trouvèrent à bord qu’une légère nacelle, dont la voile était tendue et prête à prendre le large. Pierre rendit grâce à Notre-Seigneur : « Beau doux ami, » dit-il, « descendez-moi et me transportez dans cette nacelle ; elle me conduira à la grâce de Dieu, et sans doute où je trouverai la fin de mes maux. — Ah ! sire, » répond Pharan, « voulez-vous affronter la mer, faible et souffrant comme vous êtes ? Au moins laissez-moi vous accompagner. — Posez-moi d’abord dans la nacelle, » répond Pierre ; « puis je vous dirai ma volonté. »

Pharan, tout en pleurant, le prit dans ses bras et le transporta dans la nacelle, le plus doucement qu’il put : « Grand merci, beau doux ami, » dit Pierre, « vous avez fait ce que je vous avais demandé : maintenant, j’ai le désir de m’éloigner seul. Retournez à votre chapelle, vous prierez Notre-Seigneur de procurer ma guérison. Si vous voyez Josephe, dites-lui que j’eus de bonnes raisons de m’éloigner de lui. Le cœur me le dit : je retrouverai la santé aux lieux où Dieu va me conduire. »