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LE SAINT-GRAAL.

coménie, la belle Recesse, qui gémissait d’être contrainte à recevoir ses caresses, et soupirait après le jour qui la délivrerait de ce monstre. Autant les habitants de l’île abhorraient le géant Tharus, autant ils aimaient et plaignaient la belle et vertueuse Recesse. Des fenêtres de son château, Tharus vit la nef des marchands que les flots poussaient violemment au rivage. Il se leva, demanda ses armes, la peau de serpent qui lui servait de heaume, sa masse, un faussart et trois javelots. Dans cet attirail il alla défier Grimaud qui ne perdit pas un instant pour lacer son heaume et monter à cheval. L’issue du combat, longuement raconté, mais dont les vives couleurs sont autant de lieux communs de ces sortes de descriptions, se termina, comme on le pense bien, par la mort de Tharus et la délivrance des insulaires, dont la plupart, suivant l’exemple de la princesse Recesse, demandèrent et reçurent le baptême. La dame conserva son nom, qui répondait au sens de Pleine de bien ; et quant aux autres, chacun trouva le nom qu’il devait désormais porter tracé dans la paume de sa main. Il y eut pourtant un certain nombre de païens qui refusèrent le baptême. Ils firent même une guerre cruelle aux nouveaux chrétiens, comme on le dira plus tard dans les autres branches du roman.

La dame n’avait pas vu son vaillant libérateur