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HISTOIRE DE GRIMAUD.

il y avait sur le rivage de la mer, à sept lieues de Methonias, un navire qui les attendait pour les transporter en Grande-Bretagne, Grimaud accepta l’offre qu’ils firent tous de le conduire. Les marchands, en prenant congé de leur hôte, lui laissèrent pour marquer leur reconnaissance un des chevaux que les larrons de la forêt avaient abandonnés. Grimaud entendit la messe, sella son cheval, et revêtit ses armes à l’exception du heaume (car en ce temps-là les chevaliers ne se mettaient pas en chemin sans être armés). Puis il prit congé de son hôte et du châtelain, que Grimaud reconnut pour un proche parent, et qui lui avait fait le meilleur accueil du monde.

Ils trouvèrent la nef sur le rivage et se mirent en mer. Les premières journées furent belles : un vent favorable les fit passer devant l’île d’Ipocras, et côtoyer sans danger la roche du Port-Périlleux. Mais au sixième jour une forte tempête les jeta violemment sur la côte de l’île qu’on appelait Onagrine.

L’île Onagrine était habitée par Tharus le grand, un géant féroce qui n’avait pas moins de quatorze pieds à la mesure de ce temps, et avait voué aux chrétiens une haine implacable ; si bien qu’il faisait mourir tous ceux qu’il soupçonnait de tenir à la foi nouvelle.

Il avait enlevé la fille du roi Résus d’Ar-