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traditions historiques, en remplaçant les fables des jongleurs par d’autres récits non moins fabuleux, mais qu’il appuyait sur l’autorité d’un archevêque déjà rendu fameux par les chanteurs populaires, le moine espagnol, auteur de cette fraude pieuse, avait accoutumé ses contemporains à n’ajouter de foi qu’aux récits justifiés par les livres de clercs autorisés. Bientôt après, le célèbre abbé de Saint-Denis, Suger, non content de donner l’exemple, en rédigeant lui-même l’histoire de son temps, chargeait ses moines du soin de réunir les anciens textes de nos annales, depuis Aimoin, compilateur de Grégoire de Tours, jusqu’aux historiens contemporains de la première croisade, sans en excepter cette fausse Chronique de Turpin. En même temps, Orderic Vital érigeait, pour l’histoire de la Normandie, une sorte de phare dont la lumière devait se refléter sur la France entière ; et, dans la Grande-Bretagne, Henry Ier et son fils naturel, Robert, comte de Glocester, se déclaraient les patrons généreux de plusieurs grands clercs qui, tels que Guillaume de Malmesbury, Henry de Huntingdon et Karadoc de Lancarven, travaillaient à rassembler les éléments de l’histoire de l’île d’Albion et des peuples qui l’avaient tour à tour habitée et conquise.

Ordinairement, ces historiens, si dignes de