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HISTOIRE DE GRIMAUD.

marchands et Grimaud, promener dans le jardin, pendant que la dame faisait dresser les lits dans une chambre du rez-de-chaussée dont la porte et les fenêtres s’ouvraient comme on voulait sur la rue. Cela fait, elle rejoignit les hôtes dans le jardin. « Tout, » leur dit-elle, « est prêt, et vous pourrez aller reposer quand il vous plaira. » On donna de nouveau pâture de blé aux chevaux, et le bachelier se sépara d’eux. Grimaud fit un premier somme, se vêtit, vint à la fenêtre et écouta si tout dans la rue était tranquille.

Il était alors environ minuit. Grimaud ne fut pas longtemps sans entendre le clerc frapper à la porte où reposait la dame de l’autre hôtel. Il la vit sortir en chemise, le corps seulement enveloppé d’un léger et court manteau. Aussitôt ils s’embrassèrent, firent leur volonté l’un de l’autre sur la voie même, avant de rentrer ensemble dans la maison. Peu de temps après qu’ils eurent fermé la porte sur eux, Grimaud entend des cris perçants, des gémissements étouffés. Il prend son épée et sort sans être aperçu de personne. Le bruit augmente, on entend crier : « Au larron ! au larron ! » Et cependant le clerc, monté au solier et n’osant revenir par où il était entré, s’élançait par la fenêtre sur la voie. Mais un des marchands l’avait prévenu et avait tenté de le frapper de son bâton ;