Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/294

Cette page a été validée par deux contributeurs.
288
LE SAINT-GRAAL.

frayé, et je ne tarderai pas à vous rejoindre. »

Ils partirent pendant que Grimaud, retenu par l’agrément du lieu, se laissait surprendre au sommeil. En se réveillant, il remonta et suivit le meilleur chemin jusqu’à la sortie de la forêt ; mais, arrivé là, il entendit de grands cris, un grand cliquetis d’armes. C’est que les marchands, engagés dans un étroit sentier qui semblait plus direct, avaient été assaillis par une bande de quinze voleurs, pourvus de chapeaux de fer et de gambesons, armés d’épées, de couteaux aigus et de grandes plommées. Ils ne trouvaient qu’une faible résistance de la part de gens qui n’avaient d’autre arme que des épées et des bâtons. Plusieurs furent blessés, les autres se répandirent çà et là en appelant à leur aide, tandis que les larrons détroussaient leurs quarante chevaux chargés des plus précieuses marchandises. Grimaud, entendant des cris, se hâta de lacer son heaume, et revint sur ses pas jusqu’au chemin fourché que les marchands avaient eu, malgré son avis, l’imprudence de choisir : il atteignit les brigands et renversa les premiers qui se présentèrent. À mesure qu’il les désarçonnait, les marchands dispersés revenaient à lui et achevaient de tuer ceux qu’il avait abattus. Sauvés par la valeur du chevalier inconnu, ils lui rendirent mille actions de grâces.