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HISTOIRE D’IPOCRAS.

cun de vous, » leur dit-il, « me doit un don. Le moment est venu de vous acquitter. Vous, roi de Tyr, je vous demande la main de votre fille. Et vous, roi de Perse, je vous demande de faire en sorte qu’elle me soit accordée. » Les deux rois, d’abord fort étonnés, demandèrent le temps de se conseiller. « En vérité, » dit le roi de Tyr, « je n’entends pas que ma fille me fasse manquer à mon serment. — Je vous approuve, » reprit le roi Antoine, « car, pour m’acquitter envers Ipocras, j’irais jusqu’à vous enlever la demoiselle, afin de la lui donner. » Ainsi devint Ipocras le gendre du roi de Tyr ; les noces furent belles et somptueuses. On s’étonnerait aujourd’hui d’un semblable mariage ; mais autrefois les philosophes étaient en aussi grand honneur que s’ils avaient tenu le plus puissant état. Les temps sont bien changés.

Après les noces, Ipocras, s’adressant à ceux qui connaissaient le mieux la mer, les pria de lui indiquer une île voisine de Tyr qui lui offrît une habitation agréable et sure. Ils lui indiquèrent l’île alors appelée au Géant, parce qu’elle avait appartenu à un des plus puissants géants dont on ait parlé, et qu’avait mis à mort Hercule, parent du fort Samson. Ipocras s’y fit conduire, et, la trouvant bien à son gré, donna le plan de ces belles constructions,