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HISTOIRE D’IPOCRAS.

Il prit congé de l’empereur à quelques jours de là, et se dirigea vers la mer. Dans le port arrivait justement Antoine, roi de Perse, menant le plus grand deuil du monde pour son fils Dardane, qui venait de succomber après une longue maladie[1]. Ipocras, apprenant ces nouvelles, descendit de sa mule et alla trouver le roi ; puis, sans lui parler, il se tourna vers la couche où Dardane était étendu comme celui qu’on se dispose à ensevelir. Il l’examina avec attention : le pouls ne battait plus, les lèvres seules, légèrement colorées, laissaient quelque soupçon d’un dernier souffle de vie. Il demanda un peu de laine, il en tira un petit flocon qu’il posa devant les narines du gisant. Ipocras vit alors les fils légèrement venteler, et, se tournant aussitôt vers le roi Antoine : « Que me donnerez-vous, Sire, si je vous rends votre fils ? — Tout ce qu’il vous conviendra de demander. — C’est bien ! je ne réclamerai qu’un don ; et je vous en parlerai plus tard. » Alors Ipocras prit un certain électuaire, qu’en ouvrant la bouche du malade, il fit pénétrer sur la langue. Quelques minutes après, Dardane poussa un soupir, ouvrit les yeux et demanda où il était. Ipocras ne le perdit pas un instant

  1. Légende géminée ou deux fois employée. Voyez plus haut l’histoire de la guérison de Gaius.