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LE SAINT-GRAAL.

pauvre hère ; mais il faut avoir été témoin de ses œuvres pour y ajouter la moindre foi. — Voyons, » dit Ipocras, « racontez-nous ces grandes merveilles. — Sire, il fait voir les aveugles, il fait entendre les sourds, il fait marcher droit les boiteux. — Oh ! » fit Ipocras, « tout cela, je le puis faire aussi bien que lui. — Il fait plus encore : il donne de l’entendement à ceux qui en étaient privés. — Je ne vois en cela rien que je ne puisse faire. — Mais voilà ce que vous n’oseriez vous vanter d’accomplir : il a fait revenir de mort à vie un homme qui durant trois jours avait été dans le tombeau. Pour cela, il n’eut besoin que de l’appeler : le mort se leva mieux portant qu’il n’avait jamais été. »

« Au nom de Dieu, » dit Ipocras, « s’il a fait ce que vous contez là, il faut qu’il soit au-dessus de tous les hommes dont on ait jamais parlé. — Comment, » dit l’empereur, « l’appelle-t-on ? — Sire, on l’appelle Jésus de Nazareth, et ceux qui le connaissent ne doutent pas qu’il ne soit un grand prophète. — Puisqu’il en est ainsi, » dit Ipocras, « je n’aurai pas de repos avant d’être allé en Galilée pour le voir de mes propres yeux. S’il en sait plus que moi, je serai son disciple ; et, si j’en sais plus que lui, je prétends qu’il soit le mien. »