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HISTOIRE D’IPOCRAS.

corbeille, si haut levée qu’une pelote la mieux lancée n’aurait pu l’atteindre. Pour Ipocras, il avait remonté son chaperon, et se tenait si profondément pensif qu’il se fût laissé volontiers tomber, sans l’espoir qu’il gardait de se venger. Cependant l’empereur revint de sa chasse, tout joyeux de la venaison qu’il rapportait. Il aperçut le corbillon, et demanda quel était le malfaiteur qu’on y avait exposé. « Eh ! Sire, ne le savez-vous pas ? c’est Ipocras, votre grand ami ; n’est-ce pas vous qui avez ordonné de le punir ainsi ? — Moi, puissants dieux ! avez-vous pu le croire ? Qui osa lui faire un tel affront ? Malheur à lui, je le ferai pendre. Qu’on descende la corbeille, et qu’on m’amène Ipocras. »

Il fut sur-le-champ descendu. L’empereur, en le voyant venir, courut au-devant et lui jetant les bras au cou : « Ah ! mon cher Ipocras, qui vous a pu faire une pareille honte ? — Sire, » répondit-il tristement, « je ne sais, et, quand je le connaîtrais, je ne saurais dire pourquoi. Je dois attendre patiemment le moment d’en avoir satisfaction. » Quelque soin que prît l’empereur de lui en faire dire plus, il ne put y parvenir ; Ipocras, évitant avec grand soin de parler de rien qui pût rappeler sa triste aventure.

Seulement, à partir de ce jour, il cessa de