Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/259

Cette page a été validée par deux contributeurs.
253
HISTOIRE D’IPOCRAS.

Je meurs par vous, pour l’amour dont vous m’avez brûlé. Et si je ne vous ai entre mes bras, comme amant pouvant tout réclamer de son amie, je n’éviterai pas de mourir. — Que, dites-vous là ? » répond la dame, « mieux vaudrait que je fusse morte, moi et cent autres telles que moi, à la condition de vous laisser vivre. Reprenez courage : buvez, mangez, tenez-vous en joie ; nous prendrons notre temps, et je n’entends rien vous refuser. — Grand merci, dame : pensez à votre promesse, quand vous me reverrez à la cour. »

Elle sortit, et Ipocras, à partir de ce moment, revint en couleur, en bonne disposition. Il ne refusa plus les aliments, se leva, et quelques jours suffirent pour que la nouvelle de la guérison du grand philosophe se répandît dans toute la ville. Il reparut à la cour, et Dieu sait l’accueil et la belle chère qu’on lui fit ; mais personne ne le reçut plus gracieusement que la dame gauloise qui, mettant sa main dans la sienne, le fit monter au haut de la tour du palais, jusqu’aux créneaux auxquels une longue et forte corde était attachée. « Voyez-vous cette corde, bel ami ? » dit-elle. — « Oui. — Savez-vous quel est son usage ? — Nullement. — Je vais vous le dire. Dans une des chambres de la tour où nous sommes est enfermé Glaucus, le fils du roi de Babylone. On ne veut pas