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HISTOIRE D’IPOCRAS.

l’empereur lui offrit des terres, des honneurs ; il répondit qu’il n’avait rien à souhaiter s’il avait son amour. Seulement il consentit à vivre au pain, au vin et à la viande de l’empereur, et à recevoir de lui ses robes. Mais cela ne suffisait pas au cœur de César Auguste, et voici le moyen qu’il imagina pour reconnaître ce qu’Ipocras avait fait pour lui.

Il fit élever au milieu de Rome un pilier de marbre plus haut que la plus haute tour, et par son ordre on plaça au sommet deux images de pierre, représentant, l’une Ipocras, l’autre Gaius. De la main gauche, Ipocras tenait une tablette sur laquelle était écrit en grandes lettres d’or :

C’est Ipocras, le premier des philosophes, lequel mit de mort à vie le neveu de l’Empereur, Gaius dont voici l’image.

Le jour même où ces images furent découvertes, l’empereur prit Ipocras par la main et le conduisit aux fenêtres de son palais d’où l’on pouvait voir le pilier. « Quelles sont, » dit Ipocras, « ces deux images ? — Vous pouvez bien le voir, » répond l’empereur ; « vous savez assez de lettres pour lire celles qui sont là tracées. — Elles sont bien éloignées, » dit Ipocras. Cependant il prit un miroir et avisa les lettres. Il les vit retournées, mais n’en reconnut pas moins ce qu’elles signifiaient. « Sire, » dit-il à