Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/252

Cette page a été validée par deux contributeurs.
246
LE SAINT-GRAAL.

terres, des vergers, des jardins depuis longtemps incultes ; puis un château grand et fort à merveille, bien que plusieurs pans de muraille en fussent abattus. Dans une enceinte démantelée s’élevait un palais ruiné, mais somptueux, construit en marbre de couleurs variées, dont plusieurs piliers étaient encore debout. Quel prince avait possédé, quel maître avait pu construire un si merveilleux édifice ? En regardant de tous côtés, ils découvrirent, sous un portique de marbre incrusté d’or, d’argent et d’agate, un lit, le plus riche du monde, dont les quatre pieds étaient émaillés et couverts de pierres précieuses. Sous le lit avait été déposée une tombe d’ivoire ornée de figures d’oiseaux et sur laquelle on lisait en lettres d’or : Ci-gît Ipocras, le plus grand des physiciens, qui fut trompé et mis à mort par l’engin et la malice des femmes.


L’histoire des philosophes atteste qu’Ipocras fut le plus habile de tous les hommes dans l’art de physique. Il vécut longtemps sans être grandement renommé ; mais une chose qu’il fit à Rome répandit en tous lieux le bruit de sa science incomparable.

C’était au temps de l’empereur Augustus César. Ipocras en entrant dans Rome fut étonné de voir tout le monde en deuil, comme si chacun des