Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/244

Cette page a été validée par deux contributeurs.
238
LE SAINT-GRAAL.

contrée par celui qui doit en découvrir tous les mystères. »

Alors le vent enfla les voiles, la nef prit le large, et se perdit bientôt dans le lointain.


Telle était donc la nef qui s’était arrêtée devant l’île Tournoyante où le duc Nascien venait d’être transporté. Sa grande foi lui avait permis d’y entrer et de bien considérer le lit, la couronne et l’épée. Mais il ne put conserver jusqu’à la fin sa robuste créance, et, à la vue des trois fuseaux qui, suivant les lettres, étaient de la couleur primitive du bois qui les avait fournis : « Non, » dit-il, « je ne puis me persuader que tant de merveilles soient réelles : il faut qu’il y ait ici quelque chose de mensonger. » À peine eut-il prononcé ces mots que la nef s’entr’ouvrit sous ses pieds et le laissa glisser dans la mer. Heureusement il se hâta de recommander son âme à Dieu, et, à force de nager, il regagna l’île Tournoyante, d’où il était passé dans la nef : alors il demanda pardon à Dieu, pria beaucoup, s’endormit, et, quand il se réveilla, il ne vit plus la nef de Salomon, qui avait poursuivi sa route.

Nous laisserons Nascien dans l’île Tournoyante, et nous vous parlerons de son fils.


Célidoine était né sous les plus heureuses