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LE SAINT-GRAAL.

il regrettait encore que l’avènement de ce chevalier fût remis à une époque trop éloignée pour lui laisser la moindre espérance de le voir. Deux mille ans et plus devaient séparer son siècle de celui de son dernier et glorieux descendant. Si seulement il pouvait trouver un moyen de lui faire savoir que sa venue avait été prévue et pressentie ! Il rêvait jour et nuit à cela, si bien que sa femme s’aperçut de ses préoccupations ; elle en prit ombrage, pensant qu’il avait peut-être découvert quelqu’une de ses ruses et tromperies. Une nuit qu’elle le vit mieux disposé, plus enjoué que d’ordinaire, elle lui demanda quel était le sujet de ses longues rêveries. Salomon savait que nul homme n’était capable de résoudre la difficulté qui le tourmentait ; mais peut-être, se dit-il, la femme, dont l’esprit est plus subtil, y parviendrait-elle. Il lui découvrit donc toute sa pensée, ce qu’il avait deviné, et ce que la voix céleste lui avait appris ; enfin son désir de faire parvenir au dernier chevalier de son lignage la preuve que le roi Salomon avait prédit ses hauts faits et connu le temps de son avènement.

« Sire, » fait alors la dame, « je vous demande trois jours pour penser à ce que vous m’avez dit. » Et, la troisième nuit venue : « J’ai, » dit-elle, « longuement cherché comment le dernier chevalier de votre lignage