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LE SAINT-GRAAL.

beauté, à l’époque du déluge ; ils conservaient encore leur premier éclat au temps où régna le grand roi Salomon, fils de David. Dieu avait donné à ce roi sens et discrétion outre mesure d’homme ; il savait tout ce qu’on peut savoir de la force des herbes, du mouvement des étoiles, de la vertu des pierres précieuses ; et cependant il fut tellement aveuglé et déçu par la beauté d’une femme, qu’il en oublia ce qu’il devait à Dieu. Il devinait bien que cette femme le trompait et lui faisait toutes les hontes qu’elle pouvait imaginer ; mais il l’aimait trop pour avoir la force de s’en garder, tant il est vrai que toute la science de l’homme ne saurait empêcher la femme de le décevoir, quand elle en a pris la résolution ; et ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on peut en voir la preuve, mais à partir du commencement du monde.

Voilà pourquoi Salomon a dit, dans son livre appelé Paraboles : « J’ai fait le tour du monde ; j’ai parcouru les mers et les terres habitées ; je n’ai pas rencontré une prude femme. » Le soir même où il avait écrit cela, il entendit une voix céleste qui dit : « Salomon, ne prends pas en tel dédain les femmes ; si le mal vint d’abord par la première dans le monde, une autre doit un jour apporter aux hommes plus de joie qu’ils n’avaient éprouvé de peines. Par la femme sera guérie la bles-