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avaient été longtemps et pouvaient être encore le pays des enchantements et des merveilles.

Voilà donc un fait littéraire bien établi. Les lais, récits et chants poétiques des Bretons, furent répandus en France, tantôt dans leur forme originale par les harpeurs et jongleurs bretons, tantôt dans une traduction exclusivement narrative par les trouvères et jongleurs français ; et cela longtemps avant le douzième siècle. Les lais embrassaient une vaste série de traditions plus ou moins reculées, et ne souffraient de partage, dans les domaines de la poésie vulgaire, qu’avec les chansons de geste et les enseignements moraux dont le Roman des Sept Sages fut un des premiers modèles. Il est fait allusion aux trois grandes sources de compositions dans ces vers de la Chanson des Saisnes :

Ne sont que trois materes à nul home entendant :
De France, de Bretagne et de Rome la grant.
Et de ces trois materes n’i a nule semblant.
Li conte de Bretagne sont et vain et plaisant,
Cil de Rome sont sage et de sens apparent,
Cil de France sont voir chascun jour aprenant.

D’ailleurs, on conçoit que les lais bretons, en passant par la traduction des trouvères français, aient dû perdre l’élément mélodieux qui recommandait les originaux. C’est le sort de toutes les compositions musicales de vieillir