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leurs rancunes. Ceux qui vinrent en France donner à la presqu’île armoricaine le nom que les Anglais ravissaient à leur patrie, ne se confondirent jamais non plus avec la nation française. Aussi put-on mieux retrouver chez eux le dépôt des traditions gauloises que chez les Gallo-Romains devenus Français. Ils avaient été réunis autrefois de culte et de mœurs avec les Gaulois : le culte avait changé, non le fond des mœurs, non les anciens objets de la superstition populaire. Jamais les évêques, appuyés des conciles, ne parvinrent à détruire chez eux la crainte de certains arbres, de certaines forêts, de certaines fontaines. Que l’étrange disposition des pierres de Carnac, de Mariaker et de Stone-Henge ait été leur œuvre ou celle d’autres populations antérieures dont l’histoire ne garde aucun souvenir, ils portaient à ces amas gigantesques un respect mêlé de terreur qui ne laissait au raisonnement aucune prise. Rien ne put jamais les soustraire à la préoccupation d’hommes changés en loups, en cerfs, en lévriers ; de femmes douées d’une science qui mettait à leur disposition toutes les forces de la nature. Et comme ils regardaient les anciens lais comme une expression fidèle des temps passés, ils en concluaient, et leurs voisins de France et d’Angleterre n’étaient pas loin d’en conclure après eux, que les deux Bretagnes