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LE PORT PÉRILLEUX.

étouffés, Focart ordonna de verser de grandes tonnes d’eau sur les flammes, qui, prenant la direction opposée, contraignirent les Romains à reculer à leur tour. Les brigands sortirent et reprirent l’offensive. Les soldats de Pompée, forcés de reculer l’un sur l’autre, avaient peine à défendre leur vie. L’empereur Pompée seul ne quitta pas la place : revêtu de ses armes, il attendit Focart, s’élança la hache à la main sur lui, finit par l’abattre et lui trancher la tête. Cependant les Romains, honteux d’avoir un instant abandonné leur empereur, étaient revenus à la charge ; les brigands ne leur opposèrent plus qu’une faible résistance. Tous furent mis à mort, leurs corps jetés à la mer, et, depuis ce temps, le Port périlleux cessa d’être l’effroi des navigateurs ; mais son approche inspirait toujours une certaine terreur, et personne ne s’avisait d’y aborder.

Ce fut là peut-être le plus insigne exploit de Pompée : jamais il n’avait fait plus grande preuve de courage et d’intrépidité. L’histoire cependant n’en a pas parlé, parce que ce grand homme avait quelque honte des indignes ennemis qui lui avaient donné tant de peine à détruire[1]. En reprenant le chemin de Rome,

  1. On peut admettre que ce récit est inspiré par ce que le romancier savait de la guerre faite par Pompée aux pirates qui infestaient la Méditerranée.