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LA CHEMISE DE JOSEPHE.

quand tu seras arrivé sur le rivage, à défaut de navire, tu avanceras le premier, étendras ta chemise en guise de nef : elle se développera en raison du nombre de ceux qui seront exempts de péché mortel. »

Josephe, arrivé sur le bord de la mer, ôta de son dos la chemise, et l’ayant étendue sur l’eau, monta le premier sur l’une des manches, puis son père Joseph sur l’autre. Devant eux se placèrent Nascien et les porteurs de l’arche ; les flots qui les soutenaient ne mouillèrent pas même la plante de leurs pieds. Enigée, Bron, Éliab et leurs douze enfants, montèrent sur le milieu de la chemise, qui s’étendit en proportion du nombre de ceux qui arrivaient ; leur exemple décida tous les autres. Ils se trouvèrent ainsi au nombre de cent quarante-huit. Deux juifs à demi convertis, Moïse et Simon son père, bien que peu confiants dans la vertu de la chemise, voulurent essayer d’y passer ; à peine avaient-ils fait trois pas que les flots les entourèrent et que les autres gens demeurés sur le rivage eurent grand’peine à les recueillir. Pour Josephe et tous ceux qui l’avaient suivi, ils s’éloignèrent, malgré les prières de ceux qui étaient demeurés à terre, et qui les conjuraient d’attendre. « Ah ! folles gens, » leur dit Josephe, « le péché de luxure vous a retardés. Vous n’êtes pas à la fin de vos peines ;