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LE SAINT-GRAAL.

ainsi établi le premier repas, tu iras vers ta femme Enigée, et tu la connaîtras charnellement. Elle concevra un fils qui recevra en baptême le nom de Galaad le Fort. Il aura grande force et foi robuste : si bien qu’il prévaudra contre tous les mécréants de son temps. »

Joseph fit ce qui lui était commandé, et son fils, ceint d’une étole bénite, après avoir fait les trois tours vint s’asseoir à la droite de son père, mais en laissant entre deux l’intervalle d’une place. Puis il posa le vase couvert d’une patène et de cette toile fine que nous appelons corporal[1]. Tous furent aussitôt remplis de la grâce divine au point de n’avoir rien qu’il leur put venir en pensée de désirer. Le repas achevé, Josephe replaça le Graal dans l’arche, comme il y était auparavant[2].

Le lendemain de ce grand jour, la voix dit à Josephe : « Va-t’en droit à la mer : il te faut aller habiter la terre promise à ta lignée :

  1. Corporal, linge bénit que le prêtre étend sur l’autel pour mettre le calice dessus et ensuite l’hostie. (Dictionnaire de l’Académie.)
  2. Il importe de remarquer que cet épisode n’est pas conservé dans le second texte, qui a servi de modèle aux imprimés. Là, les compagnons de Joseph trouvent dans le bois, sans le demander, les meilleures viandes, et le Saint-Esprit ne parle à Joseph que pour lui ordonner de coucher avec sa femme Éliab. Comparez le ms. 749, fo 90. et l’éd. de Ph. Lenoir, 1523, fo 89.