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PREMIÈRE MESSE.

goisses de la mort. Le fer de la lance pénétrait dans le côté, d’où jaillissait un ruisselet d’eau et de sang ; sous les pieds était l’écuelle de Joseph, recueillant le sang qui dégouttait des mains et du côté ; elle en était remplie au point de donner à croire qu’elle allait déborder.

Puis les clous parurent se détacher, et l’homme tomber à terre la tête la première. Alors Josephe, d’un mouvement involontaire, se jeta en avant pour le soutenir : comme il avançait un pied dans l’arche, cinq anges s’élancèrent, les uns vibrant contre lui la pointe de leurs épées, les autres élevant leurs lances comme prêtes à le frapper. Il essaya pourtant de passer, tant il avait à cœur de venir en aide à celui qu’il reconnaissait déjà pour son Sauveur et son Dieu ; mais la force invincible d’un ange le retint malgré lui.

Comme il demeurait immobile, Joseph, incliné à quelque distance, s’inquiétait de voir son fils arrêté au seuil de l’arche : il se leva et se rapprocha de lui. Mais Josephe, le retenant de la main : « Ah ! père, » dit-il, « ne me touche pas, ne m’enlève pas de la gloire où je suis. L’Esprit-Saint me transporte par-delà la terre. » Ces mots redoublèrent la curiosité du père, et, sans égard pour la défense, il se laissa tomber à genoux devant l’arche, en cherchant à découvrir ce qui se passait à l’intérieur.