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AU SAINT-GRAAL.

au Ciel. Tu trouveras dans l’armoire placée derrière l’autel ce qu’il faut pour écrire. »

« Le matin venu, j’allai à l’armoire, et j’y trouvai ce qui convient à l’écrivain, encre, plume, parchemin et couteau. Après avoir chanté ma messe, je pris le livre, et, le lundi de la quinzaine de Pâques, je commençai à écrire, en partant du crucifiement de Notre-Seigneur, ce que l’on va lire[1]. »

  1. Il y a dans ce préambule plusieurs points très-obscurs qui pourraient bien être autant d’interpolations, et se rattacher à l’intention qu’avaient les Assembleurs de faire du prêtre, auteur de la légende latine, le fils de Nascien, ou Nascien, dont on va bientôt parler. Ainsi l’allusion au combat mortel « des deux plus vaillants chevaliers du monde, » ainsi le « chemin de Pleurs, » peuvent s’appliquer au dernier épisode des romans de la Table ronde. Après la mort du roi Artus, Nascien, ou le fils de Nascien, aurait renoncé aux armes pour prendre l’habit religieux, et c’est alors qu’il aurait eu la vision qui lui ordonnait de transcrire le livre divin du Graal. Rien n’était assurément plus absurde que de faire d’un prêtre du huitième siècle le contemporain d’autres personnages appartenant les uns au premier, les autres au cinquième siècle de notre ère. Mais, au temps de Philippe-Auguste, on ne reculait pas encore devant de pareilles énormités. Les siècles passés ne semblaient former qu’une seule et grande époque, où se réunissaient toutes les célébrités de l’histoire ; comme dans la toile peinte par Paul Delaroche pour l’hémicycle de l’École des Beaux-Arts.