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TRANSITION

vant une loge[1] : à la porte se tenait un vieillard en habit de religion. Le prud’homme en me voyant ôta son chaperon, se mit à genoux, et demanda ma bénédiction. — « Je suis, » lui dis-je, « un pécheur comme vous, et ne puis vous la donner. » Mais j’eus beau faire, il ne se leva qu’après avoir été béni. Alors il me prit par la main, me conduisit dans sa loge et me fit partager son repas. J’y reposai la nuit, et le lendemain, après avoir chanté, comme le bon homme m’en avait prié, je me remis en chemin, et trouvai à la fin de l’enclos la bête qui m’avait conduit jusque-là. Je continuai à la suivre dans la forêt, et nous arrivâmes, vers midi, dans une belle lande[2] : là s’élevait le Pin dit des aventures, sous lequel coulait une belle fontaine, dont le sable était rouge comme feu ardent, et l’eau froide comme glace. Chaque jour elle devenait à trois reprises verte comme émeraude et amère comme fiel. La bête se coucha sous le Pin : comme j’allais m’asseoir auprès d’elle, je vis venir à moi sur un cheval en sueur un valet qui, descendant près de la fontaine, détacha de son cou une toile et

  1. Ancien synonyme de petit logis. Il est encore usité par les bûcherons et forestiers.
  2. Ce mot reviendra si souvent qu’il faut le conserver : c’est une terre non cultivée, comme il y en avait tant alors.