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TRANSITION

ne consacre pas ce jour-là, parce que Notre-Seigneur l’a choisi pour y mourir. En présence de la réalité, on ne doit pas recourir à la figure ; et, si l’on consacre les autres jours, c’est en mémoire du vrai sacrifice du vendredi[1].

« Comme je me disposais à recevoir mon Sauveur et que j’avais déjà fait trois parts de pain, un ange vint, me prit par les mains et me dit : « Tu ne dois pas employer ces trois parts, avant d’avoir vu ce que je vais te montrer. » Alors il m’éleva dans les airs, non en corps, mais en esprit, et me transporta dans un lieu où je fus inondé d’une joie que nulles langues ne sauraient exprimer, nulles oreilles entendre, nuls cœurs ressentir. Je ne mentirais pas en disant que j’étais au troisième ciel où fut transporté saint Paul ; mais, pour n’être pas accusé de vanité, je dirai seulement que là me fut découvert le grand secret que, suivant saint Paul, aucune parole humaine ne pourrait exprimer. L’ange me dit : « Tu as vu de grandes merveilles, prépare-toi à la vue de plus grandes. » Il me porta plus haut encore, dans un lieu cent fois

  1. « Car là où la vérité vient, la figure doit arrières estre mise. Les autres jours sacre-l’en en remembrance de ce que il fu sacrefiés. Mais à celui jour du saint venredi fu-il veraiement sacrefiés ; car il n’i a point de senifiance, puis que li jours est venus que il fu voirement sacrefiés. »