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AU SAINT-GRAAL.

trois, et de trois une. J’ouvris les yeux, je me vis entouré d’une splendeur extraordinaire. Devant moi se tenait un homme de la plus merveilleuse beauté : « As-tu bien compris mes paroles ? » dit-il. — « Sire, je n’oserais l’assurer. — C’est la reconnaissance de la Trinité. Tu doutais que dans les trois personnes il n’y eût qu’une seule déité, une seule puissance. Peux-tu maintenant dire qui je suis ? — Sire, mes yeux sont mortels ; votre grande clarté m’éblouit, et la langue d’un homme ne peut exprimer ce qui est au-dessus de l’humanité. »

« L’inconnu se baissa vers moi et souffla sur mon visage. Aussitôt mes sens se développèrent, ma bouche se remplit d’une infinité de langages. Mais, quand je voulus parler, je crus voir jaillir de mes lèvres un brandon de feu qui arrêta les premiers mots que je voulus prononcer. « Prends confiance, » me dit l’inconnu. « Je suis la source de toute vérité, la fontaine de toute sagesse. Je suis le Grand Maître, celui dont Nicodème a dit : Nous savons que vous êtes Dieu. Je viens, après avoir confirmé ta foi, te révéler le plus grand secret du monde. »

« Alors il me tendit un livre qui eût aisément tenu dans le creux de la paume : « Je te confie, » dit-il, « la plus grande merveille que