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JOSEPH

puis je le suivis : on le frappait à chaque pas sans qu’il exhalât de plaintes. Rentrée dans ma maison, je regardai mon drap, et j’y vis l’image du saint prophète. »

Verrine partit avec les messagers. Arrivée devant l’Empereur, elle découvrit l’image, et l’Empereur s’inclina par trois fois, bien qu’il n’y eut là ni bois, ni or, ni argent[1]. Jamais il n’avait vu d’image aussi belle. Il la prit, la posa sur la lucarne qui tenait à la tour de son fils, et Vespasien n’eut pas plutôt arrêté les yeux sur elle qu’il se trouva revenu dans la plus parfaite santé.

Ne demandez pas si le pèlerin et Verrine furent grandement récompensés de ce qu’ils avaient dit et fait. « L’image fut conservée à Rome comme relique précieuse ; on la vénère encore aujourd’hui sous le nom de la Véronique. » Pour le jeune Vespasien, son premier vœu fut de témoigner de sa reconnaissance, en vengeant le prophète auquel il devait la santé. L’Empereur et lui parurent bientôt en Judée à la tête d’une armée nombreuse. Pilate fut mandé, et, pour prévenir la défiance des Juifs, Vespasien le fit conduire en prison comme

  1. La peinture, au douzième siècle, employait constamment l’or sur les tablettes qui recevaient le dessin et la couleur, soit pour remplir les fonds, soit pour varier les vêtements.