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D’ARIMATHIE.

Juif, « une vieille femme nommé Verrine qui garde son portrait ; elle demeure dans la rue de l’École. »

Pilate la fît venir, et, tout bailli qu’il était, fut contraint de se lever, quand elle parut devant lui. La pauvre femme, effrayée et craignant un mauvais parti, commença par nier qu’elle eût un portrait ; mais, quand les messagers l’eurent assurée de leurs bonnes intentions et lui eurent appris qu’il s’agissait pour eux de trouver un remède à la lèpre du fils de l’Empereur, elle dit : « Pour rien au monde je ne vendrais ce que je possède : mais, si vous jurez de me le laisser, j’irai volontiers à Rome avec vous et j’y porterai l’image. »

Les messagers promirent ce que Verrine souhaitait et demandèrent à voir la précieuse image. Elle alla ouvrir une huche, en tira une guimpe, et, l’ayant couverte de son manteau, revint bientôt vers les envoyés de Rome, qui se levèrent comme avait fait auparavant Pilate. « Écoutez, » dit-elle, « comment je la reçus : je portais ce morceau de fine toile entre les mains, quand je fis rencontre du prophète que les Juifs menaient au supplice. Il avait les mains liées d’une courroie derrière le dos. Ceux qui le conduisaient me prièrent de lui essuyer le visage, je m’approchai, je passai mon linge sur son front ruisselant de sueur,