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le récit de leurs aventures fut ainsi divisé :

D’eles douze fu li deuls fais,
Et douze vers plains a li lais.

Telle dut être la forme assez ordinaire des autres lais ; au moins au quatorzième siècle l’exigeait-on pour ceux que les poëtes français composaient à leur imitation. « Le lai, » dit Eustache Deschamps, « est une chose longue et malaisée à trouver ; car il faut douze couples, chascune partie en deux. » Mais la forme ne s’en était pas conservée dans les traductions faites aux douzième et treizième siècles. Marie de France et ses émules n’ont reproduit que le fond des lais bretons, sans se plier au rhythme particulier ni à la mélodie qui les accompagnaient. On reconnaissait pourtant l’agrément que cette mélodie avait répandue sur les lais originaux, et Marie disait en finissant celui de Gugemer :

De ce conte qu’oï avés
Fu li lais Gugemer trovés,
Qu’on dit en harpe et en rote.
Bone en est à oïr la note.

Et au début de celui de Graelent :

L’aventure de Graelent
Vous dirai, si com je l’entent.
Bon en sont li ver à oïr,
Et les notes à retenir.