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JOSEPH

conduit Jésus ; et quand le bailli, persuadé de l’innocence de l’accusé, demanda de l’eau pour protester contre le jugement, le Juif qui avait pris le vase le lui présenta, et Pilate, après s’en être servi, le fit mettre en lieu sûr.

Et quand Jésus fut crucifié, Joseph d’Arimathie vint trouver Pilate et lui dit : « Sire, je vous ai longtemps servi de cinq chevaliers, sans en recevoir de loyer ; je viens demander pour mes soudées le corps de Jésus crucifié. — Je l’accorde de grand cœur, » répondit Pilate. Aussitôt Joseph courut à la Croix ; mais les gardes lui en défendirent l’approche. « Car, » disaient-ils, « Jésus s’est vanté de ressusciter le troisième jour ; s’il a dit vrai, tant de fois ressuscitera-t-il, tant de fois le referons-nous mourir. » Joseph revint à Pilate, qui, pour vaincre la résistance des gardes, chargea Nicodème de prêter main-forte. « Vous aimiez donc bien cet homme ! » dit Pilate ; « tenez, voici le vase dans lequel il a lavé ses mains en dernier ; gardez-le en mémoire du juste que je n’ai pu sauver. » Pilate, d’ailleurs, ne voulait pas qu’on pût l’accuser de rien retenir de ce qui avait appartenu à celui qu’il avait condamné.

Ce ne fut pas sans peine que les deux amis triomphèrent de la résistance des gardes. Nicodème était entré chez un fèvre, et, lui ayant