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D’ARIMATHIE.

le bailli. Un prudhomme, nommé Joseph d’Arimathie, rendait à Pilate un service de cinq chevaliers. Dès que Joseph avait vu Jésus-Christ, il l’avait aimé de grand amour, bien qu’il n’osât pas le témoigner par la crainte des mauvais Juifs. Pour Jésus, il avait un petit nombre de disciples ; encore un d’entre eux, Judas, était-il des plus méchants. Judas avait dans la maison de Jésus la charge de sénéchal et touchait, à ce titre, une rente appelée dîme, sur tout ce qu’on donnait au maître. Or il arriva, le jour de la Cène, que Marie la Madeleine entra chez Simon, où Jésus était à table avec ses disciples ; elle s’agenouilla aux pieds de Jésus et les mouilla de ses larmes ; puis elle les essuya de ses beaux cheveux, et répandit sur son corps un pur et précieux onguent. La maison fut aussitôt inondée des plus suaves odeurs ; mais Judas, loin d’en être touché : « Ces parfums, » dit-il, « valaient bien trois cents deniers ; c’est donc une rente de trente deniers dont on me fait tort. » Dès l’heure, il chercha les moyens de réparer ce dommage[1].

  1. « Marie prit ensuite une livre d’huile de senteur d’un nard excellent et de grand prix, elle en lava les pieds de Jésus et les essuya avec ses cheveux ; et la maison fut embaumée de cette liqueur, — Alors Judas l’Iscariote, qui devait le livrer, dit : « Que n’a-t-on vendu