Page:Paris, Paulin - Romans de la Table Ronde, tome 1.djvu/12

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bretons répétaient les récits dont les romanciers français devaient s’emparer plus tard. Disons quels étaient ces harpeurs bretons.

Pour constater leur existence et leur antique popularité, il n’est pas besoin de citer les fameux passages si souvent allégués d’Athénée, de César, de Strabon, de Lucain, de Tacite : il suffit de rappeler qu’au quatrième siècle, en plein christianisme, il y avait encore en France un collége de Druides ; Ausone en offre un témoignage irrécusable. Fortunat, au septième siècle, faisait, à deux reprises un appel à la harpe et à la rhote des Bretons. Au commencement du onzième siècle, Dudon de Saint-Quentin, historien normand, pour que la gloire du duc Richard Ier se répandît dans le monde, conjurait les harpeurs armoricains de venir en aide aux clercs de Normandie. Il est donc bien établi que les Bretons de France


Jadis suloient, par proesse,
Par curteisie et par noblesse,
Des aventures qu’il ooient
Et qui à plusurs avenoient,
Fere les lais, por remenbrance ;
Qu’on ne les mist en obliance[1]


On donnait donc le nom de lais aux récits chantés des harpeurs bretons. Or ces lais af-

  1. Marie de France, Lai d’Equitan.