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LE LIVRE LATIN DU GRAAL.

wallad et Cadwallader, sur le prince armoricain Alain le Long. Les traditions qui s’étaient liées un demi-siècle auparavant aux aspirations politiques avaient même perdu dans ce livre leur sens et leur portée. Galaad n’était déjà plus que l’heureux enquêteur, Alain que le gardien prédestiné du vase eucharistique, et le silence de l’auteur laissait croire que les Bretons n’avaient plus rien à attendre de cette relique, bien qu’on lui eût dû tout ce que les Bardes racontaient d’Artus. Mais, comme cet auteur affectait la prétention d’appartenir à la race des anciens rois bretons, il avait eu soin de rassembler les preuves de sa généalogie, depuis Bron, beau-frère de Joseph, jusqu’aux successeurs d’Artus. Or, je le répète, la date de 717, attribuée à la vision, répond à tout ce qu’il est permis de conjecturer des sentiments qui devaient animer les Gallo-Bretons de cette époque. Rien n’y fait disparate, et n’offre la moindre allusion aux tendances, aux événements du douzième siècle, époque de la forme romanesque imprimée aux leçons du Gradale. La seule intention qu’on puisse y reconnaître, c’est de constater la séparation de l’Église bretonne et de l’Église romaine, en glorifiant les princes que l’auteur déclarait ses ancêtres et dont un grand nombre de familles galloises prétendaient également descendre.