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LE LIVRE LATIN DU GRAAL.

hasard une telle coïncidence. Mais les rois Cadwallad, Cadwallader et Alain le Long, triple fondement de tant d’espérances, étant morts sans que le précieux sang eût été retrouvé, et que les Saxons eussent été chassés, la même confiance ne fut plus sans doute accordée aux bardes, aux devins, quand ils répétèrent que le triomphe des Bretons était seulement retardé, que l’heure de la délivrance sonnerait quand le corps de saint Cadwallader serait ramené en Bretagne, et quand on aurait retrouvé la relique tant regrettée et jusque-là si vainement cherchée.

Geoffroy de Monmouth, tout en se gardant de prononcer le nom de Joseph d’Arimathie et de son plat, s’est rendu l’interprète de ces espérances bretonnes.

« Cadwallader, » dit-il, « avait obtenu du roi Alain, son parent, la promesse d’une puissante assistance : la flotte destinée à la conquête de l’île de Bretagne était déjà prête, quand un ange avertit le prince fugitif de renoncer à son entreprise. Dieu ne voulait pas rendre aux Bretons leur indépendance avant les temps prédits par Merlin : Dieu commandait à Cadwallader de partir pour Rome, de s’y confesser au Pape, et d’y achever pieusement ses jours. À sa mort, il serait mis au rang des saints, et les Bretons verraient la fin de la domination saxonne