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LE LIVRE LATIN DU GRAAL.

dans le monastère de Lindisfarn[1], Wilfride vient à penser, après un séjour de quelques années, que la voie du salut telle que la traçaient les Scots, ses compatriotes, était loin d’être celle de la perfection[2] : il prend donc le parti de se rendre à Rome, pour y voir quels étaient les rites ecclésiastiques et monastiques qu’on y observait. Arrivé dans cette ville, il doit à Boniface, savant archidiacre et conseiller du Souverain Pontife, les moyens d’apprendre dans leur ordre les quatre Évangiles, le comput raisonnable de Pâques, « et beaucoup d’autres choses qu’il n’avait pu apprendre dans sa patrie[3]. » Arrêtons-nous ici. N’est-il pas singulier de voir Wilfride obligé d’aller à Rome pour y entendre les quatre Évangélistes ? et n’est-il pas permis d’en conclure que les Scots, et à plus forte raison les Gallois, mettaient quelque chose au-dessus de ces quatre livres consacrés ? En tout cas, on sait qu’ils refusaient de reconnaître le

  1. Aujourd’hui Holy-Island, en Écosse, à quatre lieues de Berwick.
  2. Animadvertit animi sagacis minimè perfectam esse virtutis viam quæ tradebatur a Scotis.
  3. Veniens Romam, ac meditatim rerum ecclesiasticarum quotidiana mancipatus instantia, pervenit ad amicitiam viri sanctissimi Bonifacii… cujus magisterio quatuor Evangeliorum libros ex ordine didicit, computum Paschæ rationabilem et alia multa quæ in patria nequiverat, eodem magistro tradente, percepit.